SNU POLE EMPLOI DES HAUTS-DE-FRANCE

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Alertes sur les conditions de travail et la sécurité des salarié.es de PE

décla cse 25 mai 23

 

Déclaration FO SNU au CSE du 25 Mai 2023 tract


26/05/2023
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Sous le signe des superprofits ! et des baisses d'effectif.

Les derniers chiffres du CAC40 confirment une tendance de long terme à l’accaparement des richesses par les actionnaires et les dirigeants au détriment de l’emploi en France. Cette tendance prend une forme exacerbée au sein d’une poignée de groupes comme TotalEnergies, LVMH ou BNP Paribas, qui concentrent l’essentiel des profits, dividendes et rachats d’actions du CAC40. Nouvelle note d’analyse de l’Observatoire des multinationales.

Publié le 15 mai 2023

 

 
 

Les derniers chiffres du CAC40 confirment une tendance de long terme à l’accaparement des richesses par les actionnaires et les dirigeants au détriment de l’emploi en France.

En 2022, les profits du CAC40 se sont maintenus à un niveau record, à plus de 138 milliards d’euros. Les dividendes poursuivent leur croissance apparemment inexorable (67 milliards) tandis que les rachats d’actions continuent à exploser (25 milliards).

Derrière ces chiffres globaux, une poignée de groupes, parmi lesquels TotalEnergies, LVMH, BNP Paribas ou encore Stellantis, représentent la majorité des profits engrangés par le CAC40, mais aussi des dividendes versés et des actions rachetées.

Ces « superprofits » ne sont pas forcément une bonne nouvelle ni pour l’économie, ni pour la société française en général. Ils sont alimentés en grande partie par un accroissement des marges, facteur de renchérissement du coût de la vie, et par des aides publiques directes et indirectes.

Malgré leur santé financière florissante, certains de ces champions des bénéfices et des dividendes touchent en effet de nombreuses aides publiques, dont certaines censées les inciter à se « décarboner ». La future loi sur l’industrie verte qui sera présentée en conseil des ministres ce mercredi va y ajouter de nouvelles aides encore, toujours sans véritable contrepartie et sans garanties sur les résultats concrets.

Beaucoup de ces groupes continuent par ailleurs à supprimer des emplois en France. Globalement, le CAC40 affiche 16 000 emplois en moins dans l’Hexagone depuis 2019, alors que ses profits annuels ont augmenté de 74% et ses versements aux actionnaires de 61% sur la même période.

Les principaux bénéficiaires de la générosité du CAC40 envers ses actionnaires sont comme chaque année le groupe Arnault (près de 3 milliards d’euros de dividendes touchés de LVMH) et BlackRock, qui empoche 2,8 milliards d’euros de dividendes sur les profits 2022 du CAC40.

En comptant dividendes et rachats d’actions, c’est pas moins de 1,1 milliard d’euros que TotalEnergies aura consacré à rémunérer BlackRock sur ses profits 2022, soit 10 861 euros pour chacun de ses salariés dans le monde.

 

 

Rémunérations patronales, salaires et emploi

La rémunération moyenne d’un patron du CAC40 pour l’année 2022 s’établit à 6,6 millions d’euros, un niveau stable par rapport à 2021 (mais 40 % supérieur à 2020).
Le classement est dominé, comme les années précédentes, par le trio Bernard Charlès (Dassault Systèmes), Carlos Tavares (Stellantis) et Daniel Jullien (Teleperformance), avec respectivement 33, 23,5 et 19,7 millions d’euros annuels. Ils sont suivis par les patrons de Kering, Sanofi et L’Oréal, tous trois au-dessus de 10 millions d’euros.
Globalement, les dépenses par salariés du CAC40 sont en hausse entre 2021 et 2022, dans des proportions variables selon les entreprises. Un certain nombre d’entre elles se distinguent tout de même par des hausses très modestes voire des baisses des dépenses par salariés malgré l’inflation – certaines d’entre elles figurant pourtant parmi les principaux bénéficiaires du contexte économique de ces dernières années, comme Vinci (-3,2 %), LVMH (+1,7 %) ou encore ST Micro (+1,2 %).
Enfin, les derniers chiffres publiés par le CAC40 confirment la tendance des grandes entreprises cotées à la bourse parisienne à délaisser l’emploi en France.
Sur la période entre 2019 et 2022, les groupes du CAC40 ont vu leur effectif augmenter de plus de 400 000 personnes dans le monde, grâce à des fusions-acquisitions (PSA-Fiat, + 160 000, Alstom-Bombardier, + 38 000, Veolia-Suez, + 35 000) et au développement
d’une nouvelle génération de champions des services, très internationalisés (Capgemini, + 140 000, Teleperformance + 82 000).
Dans le même temps, certains piliers historiques du CAC40 ont poursuivi leur politique de réduction de leurs effectifs, comme ArcelorMittal (- 37 000), Axa (-10 500), Orange (-10 300), Renault (-74 000, en partie liés à la cession de ses activités russes),
Safran (-12 000), la Société générale (-20 500, partiellement liés à la Russie) ou encore TotalEnergies (-6 500).
Certains de ces groupes, comme TotalEnergies, ArcelorMittal et Axa, ont néanmoins privilégié dans le même temps les dividendes et rachats d’actions.
Au niveau de l’effectif français, le tableau est encore moins reluisant. Seuls 24 groupes sur 40 publient des chiffres sur leur effectif dans l’Hexagone. Sur la même période 2019-2022, les effectifs cumulés de ces 24 groupes en France présentent un solde négatif de
- 16 000 emplois. Autrement dit, tout en créant des emplois dans le reste du monde, le CAC40 a continué à supprimer des emplois en France. Les pertes sont les plus nettes chez Orange (-12 000), Renault (-10 000) et Sanofi (-6 000). Plusieurs groupes ont supprimé des emplois en France tandis qu’ils en créaient dans le reste du monde – à l’instar d’Airbus, BNP Paribas, Orange et Veolia. 

 

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26/05/2023
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Le contrat d’engagement jeune peut-il servir de modèle au RSA ?

cej

Lancé en mars 2022, le contrat d’engagement jeune a rempli son objectif quantitatif, mais présente toujours de nombreuses faiblesses, selon un rapport de l’Igas.

Satisfaisant mais peut mieux faire. Un an après son lancement, le contrat d’engagement jeune (CEJ) a trouvé son public. Ils sont plus de 300 000 à avoir aujourd’hui bénéficié de ce dispositif d’insertion, cochant l’objectif fixé par le Premier ministre de l’époque, Jean Castex.

C’est néanmoins un bilan en demi-teinte –  « loin d’être négatif » mais « contrasté » – que livre l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), dans un rapport diffusé le 26 avril dernier, soulignant plusieurs dysfonctionnements.

Mesure phare lancée par Emmanuel Macron pour accompagner les jeunes peu qualifiés et souvent hors des radars des institutions, le CEJ s’adresse aux 16-25 ans et aux moins de 30 ans en situation de handicap qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en études (Neet). D’une durée de six mois à un an (voire dix-huit mois dans certains cas), il s’inscrit dans la philosophie de la Garantie jeunes, lancée en 2013, mais se veut plus ambitieux.

En signant ce contrat d’engagement, les jeunes bénéficiaires se voient dans l’obligation de fournir 15 à 20 heures d’activités hebdomadaires –  formations, immersions en entreprise, ateliers de recherche d’emploi – , sous l’égide d’un conseiller référent d’une mission locale ou de Pôle emploi. En contrepartie, ils bénéficient d’une allocation allant jusqu’à 528 euros par mois.

Avec 301 725 contrats conclus au 31 janvier 2023, l’Igas reconnaît que « la dynamique du dispositif est incontestable ». Toutefois, 70 % des jeunes signataires étaient en réalité déjà suivis par le service public de l’emploi. Un chiffre qui amène l’Inspection à s’interroger sur la capacité du dispositif à prendre en charge l’intégralité des 900 000 Neet.

Selon les auteurs du rapport, les « ambitions d’insertion professionnelle à court terme » du CEJ le rendent de fait « moins accessible » aux jeunes les plus en difficulté.

« Il y a des trous dans la raquette. Beaucoup de jeunes en rupture ne connaissent pas encore ce dispositif. Nous n’arrivons pas à les attraper », regrette Jeanne Péchon, vice-présidente de la commission insertion des jeunes du Conseil d’orientation des politiques jeunesse (COJ).

Faible signification des agrégats nationaux

Du côté du quota d’activités hebdomadaires obligatoires, l’Igas révèle que plus d’un tiers des jeunes n’atteignent pas le minimum de 15 heures, tandis que 20 % des bénéficiaires effectuent même moins de cinq heures d’activités.

Cependant, la mission pointe de grandes difficultés dans la définition des indicateurs du suivi du dispositif, soulignant la « très faible signification de ces agrégats nationaux du fait de la très grande majorité des pratiques locales (référentiels, priorités, analyses des situations) ».

Stéphane Valli, président de l’Union nationale des missions locales, appelle ainsi à davantage de « souplesse » sur le seuil de travail hebdomadaire.

« Nous sommes face à des jeunes qui éprouvent des difficultés psychologiques, sociales, ou de santé qui les empêchent de respecter cet engagement, mais aussi face à des territoires ruraux qui peinent à proposer des activités, ne serait-ce que parce qu’ils ont moins de partenaires. »

Le rapport de l’Igas pointe le peu de coopération entre Pôle emploi et les missions locales

L’évaluation des effets du CEJ en matière d’insertion professionnelle apparaît quant à elle prématurée, faute de recul temporel mais aussi, là-encore, en l’absence d’informations exploitables selon l’Igas.

Début mars, le gouvernement affirmait que 76 % des jeunes ayant signé un contrat en mars 2022 ont accédé à un emploi dans les neuf mois suivant leur entrée, 63 % ont trouvé un emploi d’un mois ou plus et 43 % un emploi durable (CDI ou CDD d’au moins six mois).

« La grande majorité des bénéficiaires restent finalement dans une grande précarité professionnelle », note Jeanne Péchon. Pour l’Igas, ces indicateurs restent à prendre avec précaution, d’autant plus qu’ils sont « incomplets » et qu’ils ne peuvent pas être comparés à une situation de référence, le CEJ n’étant pas passé par la case expérimentale. Or, « un taux d’emploi élevé n’est pas une garantie d’efficacité –  et encore moins d’efficience –  si les chances d’obtenir un emploi sont particulièrement élevées dans la période », affirme l’institution.

Concurrence entre les opérateurs

En dehors de ces données qui manquent de sens, le rapport de l’Igas pointe également le peu de coopération entre Pôle emploi et les missions locales, tous deux chargés de déployer le CEJ.

En effet, la décision politique de le mettre rapidement en place sur l’ensemble du territoire a exacerbé la concurrence entre les deux opérateurs. Chacun a décliné localement les objectifs fixés par le gouvernement, « selon des modalités indépendantes et non coordonnées » et, ce faisant, mettant à mal « le travail de coopération opéré depuis plusieurs années ».

Les bénéficiaires en ont directement fait les frais : le nombre de jeunes demandeurs d’emploi orientés vers les missions locales a chuté de 38 % en 2022.

« Avec le CEJ, on ne doit plus travailler ensemble [les missions locales et Pole Emploi], mais les uns contre les autres. C’est l’Etat qui nous impose de travailler comme ça, ce qui est dommage », témoigne Wendy Lafaye, présidente de l’Association régionale des missions locales pour la région Auvergne-Rhône Alpes.

Bon nombre de conseillers en missions locales regrettent également leur nouvelle mission de contrôle des 15 à 20 heures d’activités par semaine. « La lourdeur et l’inopérationnalité de cette obligation [est] impossible à prescrire autant qu’à suivre », dénonce la CGT des missions locales dans un communiqué.

Selon elle, cette contrainte fait peser une « pression » sur les jeunes, « dont certains refusent le CEJ à l’énoncé des obligations qui vont leur incomber ».

En effet, en signant ce contrat, les bénéficiaires s’exposent à des sanctions potentielles en cas de non-respect de leurs engagements. Au premier manquement, leur allocation pourra être réduite d’un quart, purement et simplement supprimée durant un mois au second manquement, et le contrat d’engagement rompu au troisième manquement.

« Mais contrairement à la Garantie jeunes, où une commission arbitrait les choses, dans le cadre du CEJ, finalement c’est aux conseillers que la charge de la sanction revient », regrette la CGT des missions locales.

Pour Wendy Lafaye, ce système de sanctions n’est « pas du tout adapté aux jeunes », « ce n’est pas le métier que l’on a en mission locale ».

Un manque de moyens financiers

« Malgré ses réussites en termes de qualité d’accompagnement, le CEJ ne permet pas de répondre à l’ensemble de la précarité des jeunes et n’est pas un dispositif d’insertion professionnelle absolue et réussie », indique finalement le président de la commission de l’insertion des jeunes au COJ, Antoine Dulin.

Pourtant, c’est bien sur ce dispositif qu’est calquée la réforme du RSA voulue par Emmanuel Macron. Cette nouvelle version de la prestation dont le versement sera à terme conditionné à une quinzaine d’heures d’activités par semaine est déjà expérimentée dans dix-huit départements.

« Le CEJ ne permet pas de répondre à l’ensemble de la précarité des jeunes » – Antoine Dulin

« Améliorer l’accompagnement du RSA sur le modèle du CEJ n’est possible que si les moyens financiers suivent. C’est de dix milliards d’euros dont on aurait besoin pour mettre cela en place, et pas deux milliards, comme semble aujourd’hui le prévoir le gouvernement », juge Antoine Dulin, rappelant que le CEJ coûte plus de 2 000 euros par bénéficiaire et par an, hors allocation.

Pour Tom Chevalier, chercheur au laboratoire Arènes du CNRS, spécialiste des politiques publiques, cette réforme pourrait ainsi être « contre-productive », enfermant les bénéficiaires dans des emplois de mauvaise qualité, sans leur permettre de sortir de la pauvreté. « Réformer dans le sens du CEJ ne suffit pas, il est indispensable de garder un filet de sécurité qui soit inconditionnel », plaide-t-il.

Source : https://www.alternatives-economiques.fr/contrat-dengagement-jeune-servir-de-modele-rsa/00106993

 


26/05/2023
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Réforme des retraites : Ensemble le 6 juin pour obtenir le retrait et pour la justice sociale !

6 juin contre la réforme des retraites

Communiqué intersyndical_Ensemble pour obtenir le retrait et pour la justice sociale !

 


17/05/2023
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Les valeurs du SNU : retrouvez la 1ère interview de la secrétaire national du SNU Pole emploi.

Visionner l'interview de la secrétaire national du SNU


17/05/2023
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FORFAIT MOBILITE DURABLE (FMD), vous y avez peut être droit

 

Le document en PDF


17/05/2023
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Oui à une hausse pérenne des salaires à Pôle Emploi


17/05/2023
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Le SNU vous informe : Prime Variable Individuelle (PVI)

PVI

 

Prime Variable Individuelle


12/05/2023
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CHÔMAGE : L’Europe en route vers le plein-emploi

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Tous les indicateurs sont au vert pour atteindre le plein-emploi dans l’Union européenne, où la population active ne cesse de diminuer.

Souvenez-vous. Il fut un temps, pas si lointain, où tous les regards étaient rivés sur les chiffres du chômage. C’était le baromètre politique par excellence, celui que scrutaient tous les élus pressés par leurs concitoyens de trouver une solution miracle.

Le quinquennat du précédent président, François Hollande, a été rythmé par cette question quasi existentielle : allait-il réussir à inverser la courbe du chômage, comme il l’avait promis ? Le suspense est monté à son comble, mais à partir du moment où la réponse fut « oui », mi-2015, cette préoccupation a disparu des radars. Et malgré sa réussite sur ce plan, François Hollande n’a même pas osé se présenter à sa propre succession, laissant la voie libre à Emmanuel Macron.

Le chômage en baisse en Europe

Si le chômage est moins anxiogène, c’est que les nouvelles sont plutôt bonnes sur ce front en Europe.

« La reprise après la crise sanitaire a pris l’allure d’un “V”, et les principaux indicateurs du marché du travail sont à leur plus haut niveau depuis le début du siècle, souligne un rapport d’Eurofound, l’agence de l’Union européenne chargée de l’amélioration des conditions de vie et de travail 1Pour la première fois depuis une génération, les pénuries de main-d’œuvre plutôt que le chômage – c’est-à-dire l’offre de travail plutôt que la demande – sont la préoccupation politique la plus urgente. »

Le chômage ne concerne en effet plus que 6,7 % de la population active dans la zone euro, son niveau le plus bas depuis trente ans. Le pic enregistré en 2020, à 8,5 %, au moment où les économies se sont confinées, est désormais de l’histoire ancienne.

 

Même les effets de la grande crise financière de 2008 sont enfin effacés. Du moins, en moyenne, à l’échelle de la zone euro. Ce n’est pas encore vrai pour les pays du sud du continent, qui ont subi de plein fouet ce choc économique ainsi que la crise des dettes publiques qui a suivi.

Les écarts restent en effet importants entre pays, notamment entre l’Espagne et la Grèce, qui comptent toujours un taux de chômage supérieur à 12 %, et la Pologne ou la République tchèque, qui recensent moins de 3 % de chômeurs.

Mais dans la plupart des Etats, la baisse est significative. Notamment parmi les mauvais élèves de la classe européenne : c’est en Grèce (– 5,2 points) et en Espagne (– 1,6 point) que ce taux a connu la chute la plus spectaculaire entre fin 2019 et fin 2022. En Italie, les perspectives sont aussi encourageantes :

« La demande de travail est revenue au-­dessus des niveaux enregistrés avant la pandémie, avec environ 500 000 postes à pourvoir par les entreprises en janvier 2023, un chiffre en hausse de 14 % par rapport à 2019 », confirme Cristina Tajani, présidente et directrice générale d’Anpal servizi spa, l’agence italienne pour les politiques actives du marché du travail.

Un taux d’emploi record

Plus largement, le chômage est plus faible aujourd’hui qu’avant la pandémie dans 19 pays sur les 27 que compte l’Union européenne. Et dans 8 autres pays, la situation sur le marché du travail est restée quasiment stable. Elle ne s’est dégradée sensiblement qu’en Estonie, Lettonie, Finlande et Croatie.

Quant au plein-emploi, c’est déjà une réalité pour 10 Etats membres, qui affichent un taux de chômage inférieur à 5 %, seuil généralement admis par les économistes pour décerner ce Graal : c’est notamment le cas de l’Autriche, du Danemark, de l’Irlande, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Slovénie ou encore de la Pologne. Mais mesurer le plein-­emploi à partir du seul taux de chômage est réducteur, comme ­l’explique l’économiste Eric Heyer, directeur du département Analyse et prévision de l’OFCE :

« Pour que cette baisse du chômage soit réellement vertueuse, il faut qu’elle soit associée à une hausse du taux d’emploi. Si ce n’est pas le cas, cela peut vouloir dire qu’un certain nombre de personnes, découragées, sont sorties du marché du travail, elles ne sont plus actives, et font donc baisser artificiellement le taux de chômage. »

Cette condition semble néanmoins remplie en ce moment en Europe : la baisse du chômage s’ac­compagne bel et bien d’une hausse du taux d’emploi.

Le nombre d’emplois atteint en effet des sommets à l’échelle de l’Union européenne : fin 2022, il était supérieur de 3,7 millions à son niveau enregistré fin 2019, juste avant la crise du Covid. Le taux d’emploi, c’est-à-dire la proportion de personnes occupées, bat également des records, malgré une légère inflexion au troisième trimestre 2022 : 69,5 % en septembre 2022 au sein de la zone euro, soit 1,8 point de plus qu’il y a trois ans, avant la déferlante du coronavirus.

« On peut dire que l’on se rapproche du plein-emploi, commente l’économiste française Florence Pisani, directrice de la recherche économique à Candriam. Si on regarde le taux d’emploi de la tranche d’âge des 25-54 ans, c’est-à-dire le cœur de la population en âge de travailler, il est très élevé en Allemagne (86 %), mais c’est vrai aussi dans le reste de la zone euro où il est au plus haut (81,2 %), plus élevé qu’en 2007, avant la grande crise financière. Quant au taux d’emploi des 54-65 ans, il est nettement plus bas, mais il monte continûment, et a atteint 62,9 % dans la zone euro et 73,8 % en Allemagne. Le marché de l’emploi est tendu. »

Recul démographique et de la productivité

Bref, tous les indicateurs sont au vert, y compris le chômage de longue durée ou encore le sous-­emploi, tous deux orientés à la baisse. Qu’est-ce qui explique un tel alignement des planètes ?

Premier élément à entrer en ligne de compte : la démographie. En 2021, la population âgée de 15 à 64 ans a diminué de 0,6 % dans la zone euro par rapport à l’année précédente et de 0,7 % dans l’Union européenne. Le phénomène est particulièrement marqué en Italie et en Slovénie (– 1,9 %), mais aussi en Pologne (– 1,2 %) ou encore en Allemagne (– 0,5 %), tandis que la France n’est pas épargnée (– 0,3 %).

« Dans les années 1980, la population en âge de travailler augmentait assez fortement, de 0,7 point chaque année, explique Eric Heyer. Pour faire baisser le taux de chômage, il fallait donc créer d’autant plus d’emplois pour compenser. Avec une population qui baisse ou qui stagne, c’est beaucoup plus simple : on a besoin de moins de créations de postes pour faire baisser le chômage. »

La population européenne décline

Evolution de la population âgée de 15 à 64 ans, en %

« Si je résume, complète Eric Heyer, on a besoin de moins d’emplois pour faire baisser le chômage et on a besoin de moins de croissance pour créer des emplois. Cela veut dire que, globalement, on a besoin de beaucoup moins de croissance pour faire baisser le chômage. Et c’est vrai pour tous les pays européens. »

Croissance du PIB par emploi en moyenne sur 5 ans

De fait, la bonne tenue du marché du travail contraste fortement avec celle de l’activité économique, qui reste atone dans la zone euro. Le produit intérieur brut (PIB) y a augmenté de seulement 0,1 % au dernier trimestre de 2022, après un petit 0,3 % au trimestre précédent. Et la plupart des analystes tablent sur un recul de la croissance de la zone euro début 2023.

Ces piètres performances économiques ont été compensées par une dégradation encore plus forte qu’auparavant des gains de productivité. Ils ne se contentent pas de ralentir, ils sont carrément devenus négatifs dans de nombreux pays européens.

Et la France est particulièrement touchée : au troisième trimestre 2022, la productivité par tête se situait nettement sous son niveau d’avant la crise sanitaire (– 3,8 % par rapport à 2019, selon l’Insee). Ce qui veut dire que l’emploi y a progressé plus vite que l’activité.

« Quand la productivité ne se contente pas de ralentir, mais baisse, l’effet est encore plus fort, détaille Eric Heyer. C’est ce qui a permis de créer beaucoup d’emplois ces derniers temps. » Un constat partagé par l’économiste Patrick Artus, directeur de la recherche et des études de Natixis :

« Le recul de la productivité du travail a l’avantage de conduire les entreprises à créer beaucoup d’emplois pour le compenser. Cela est d’autant plus positif que c’est le taux de chômage des personnes les moins qualifiées qui recule le plus et le taux d’emploi des personnes les moins qualifiées qui augmente le plus quand les créations d’emplois sont nombreuses », détaille-t-il dans une note de recherche 2.

Dans la zone euro, le taux de chômage des non-diplômés est certes toujours deux fois plus élevé que la moyenne (11,7 % au troisième trimestre de 2022), mais il a fortement diminué depuis la fin de la pandémie (– 3,1 points depuis début 2021).

« Mais cela ne peut pas être durable, avertit Eric Heyer. On ne peut pas rester trop longtemps avec des gains de productivité négatifs, on va revenir à des gains positifs, peut-être plus faibles qu’avant la crise, mais il y aura tout de même une augmentation du niveau de la productivité. » C’est notamment pour cette raison que l’OFCE anticipe un retour de la hausse du chômage en 2023, dans quasiment tous les pays européens.

Horizon plein-emploi

Florence Pisani anticipe, elle aussi, un ralentissement à venir des créations d’emplois dans la zone euro, qui sera accentué par la politique monétaire davantage restrictive de la Banque centrale européenne (BCE). Mais pas forcément une hausse du chômage, en raison de la baisse de la population en âge de travailler en Europe, qui va s’accentuer. En témoigne l’exemple italien : en 2030, la population d’âge actif aura chuté de 1,98 million de personnes, selon Istat, l’Institut national de statistique.

« De fortes incertitudes macroéconomiques demeurent, communes à tous les pays européens, telles que l’inflation, l’évolution du coût des matières premières, le PIB national et mondial, explique Cristina Tajani. Mais en Italie, le problème majeur reste le déclin démographique qui, pour la première fois depuis que la courbe des taux de natalité a commencé à baisser, se répercute directement sur le marché du travail. »

L’Italie est loin d’être le seul pays concerné. En Allemagne, le nombre de personnes disponibles sur le marché du travail diminuerait de plus de sept millions d’ici à 2035, selon les calculs de l’IAB. En France, selon les dernières projections de l’Insee, la population active va augmenter moins vite pendant les deux décennies à venir, avant de diminuer nettement à partir de 2040. « On finira tout de même par arriver au plein-emploi, dans quelques années, mais pour des raisons démographiques », confirme Eric Heyer. Avant d’ajouter : « Sauf, bien sûr, si les réformes des retraites se multiplient en Europe, à l’image de ce qui se passe en France. »

https://www.alternatives-economiques.fr/leurope-route-vers-plein-emploi/00106751


12/05/2023
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ENTRETIEN Gabriel Zucman : « Les très riches ne paient que 2 % d’impôt sur le revenu »

paradis fiscaux

 

 

Comment se porte le système fiscal français ?

Pas très bien, répond l’économiste Gabriel Zucman. Après plusieurs années aux Etats-Unis, période durant laquelle il a contribué à la campagne présidentielle du démocrate Bernie Sanders, il est de retour en France et dénonce une fiscalité qui fait la part belle aux très fortunés.

Il revient sur les meilleurs moyens de lutter contre la fraude et l’évasion fiscale et propose plusieurs pistes pour rendre notre fiscalité progressive. S’il souligne les progrès réalisés en matière de lutte contre les pratiques d’évitement fiscal des riches et des multinationales, il reste néanmoins critique des évolutions en cours. Entretien avec un spécialiste des impôts qui vient tout juste d’obtenir la John Bates Clark Medal, récompense ultime aux Etats-Unis pour les meilleurs économistes de moins de 40 ans.

Le système fiscal français est-il progressif ?

Pas vraiment, non ! Lorsque l’on regarde l’ensemble des prélèvements obligatoires – impôt sur le revenu, cotisations sociales, TVA, etc. – peu ou prou, tous les groupes de la population paient 50 % de leurs revenus en prélèvements. Ce n’est pas très surprenant, le taux de prélèvements obligatoires est à peu près de 50 % du revenu national. Mais il y a une grosse exception, les très hauts revenus, les très grandes fortunes françaises, ont des taux effectifs d’imposition de l’ordre de 20 à 25 %.

Les très hauts revenus, c’est-à-dire ?

Je me base sur une étude très précise de l’Institut des politiques publiques qui montre que les 0,0001 % Français les plus riches, 370 ménages, bénéficient d’un taux effectif d’imposition de l’ordre de 20-25 %. Pourquoi est-ce beaucoup moins que pour la moyenne des Français ? C’est essentiellement à cause de la faillite quasi complète de l’impôt sur le revenu qui est censée être la pierre angulaire de la progressivité fiscale et qui n’arrive pas du tout à bien taxer ces très hauts revenus.

Si l’on regarde juste l’impôt sur le revenu pour ce groupe de 370 ménages, le taux effectif d’imposition est de l’ordre de 2 %. Si l’on va encore plus loin, pour les 37 ménages aux revenus les plus élevés de France, leur taux effectif d’impôt sur le revenu est de 0,2 %. On peut difficilement faire moins ! Comment est-ce possible ?

Pour les 37 ménages aux revenus les plus élevés de France, leur taux effectif d’impôt sur le revenu est de 0,2 %

L’essentiel de leur fortune repose sur des parts dans des grandes entreprises, des actions de sociétés, cotées en Bourse ou non, détenues par des sociétés holding, des sociétés écran. Lorsque les LVMH, Total et autres versent des dividendes, ils ne tombent pas sous le coup du prélèvement de 30 % sur les revenus du capital parce qu’ils sont versés à ces sociétés holding qui les réinvestissent, sans que leurs propriétaires aient eu à payer l’impôt sur le revenu.

Le seul impôt que payent véritablement les très grandes fortunes, c’est l’impôt sur les profits des sociétés dont elles sont actionnaires. Problème, en France, comme dans le monde entier, cet impôt a été érodé par la course au moins-disant fiscal, il est passé de 33 % en 2017 à 25 % en 2022. Ainsi, ce que l’on peut considérer comme un impôt minimum sur les très grandes fortunes a été fortement raboté.

370 ménages, c’est une toute petite partie des contribuables. Est-ce que, pour le reste, notre système fiscal est progressif ?

En gros, les classes populaires, les classes moyennes et moyennes supérieures ont un taux d’imposition de l’ordre de 40-50 %. Tout le monde paye beaucoup d’impôts en France. Dire que la moitié des Français ne payent pas d’impôts n’a aucun sens. C’est juste pour l’impôt sur le revenu mais il y a la TVA, les cotisations sociales, la CSG, la RDS.

Dans un pays où tout le monde paie beaucoup d’impôts, quand on commence à en payer moins pour les 5 % les plus riches et vraiment moins pour les 1 % les plus riches et au-dessus, cela pose un problème de consentement à l’impôt. Il faudrait que l’impôt soit progressif. On peut discuter du niveau exact de progressivité, mais difficile de justifier d’un point de vue économique et d’un point de vue démocratique la régressivité actuelle qui entretient les inégalités.

Quand le magazine Forbes révèle récemment que l’homme le plus riche du monde est un Français, la femme la plus riche est une Française, ce n’est pas sans lien avec le fait que la France taxe si peu les très grandes fortunes.

Il n’y a pas qu’en France qu’existe ce problème de faible ou de non-taxation des très aisés. Avec Emmanuel Saez, nous avons montré que c’était le cas aux Etats-Unis, d’autres études l’ont fait pour les Pays-Bas. C’est intéressant, ce sont trois pays riches différents avec un taux de prélèvement obligatoire faible aux États-Unis, fort en France et entre les deux aux Pays-Bas. Dans les trois cas, on constate la même faillite ou quasi-faillite de l’impôt sur le revenu à bien taxer les très grandes fortunes.

Pourtant, 10 % des contribuables font à eux seuls 70 % des recettes de cet impôt !

La France se caractérise par le fait qu’elle additionne un impôt sur le revenu et la CSG-RDS, prélevée dès le premier euro gagné sur à peu près tous les revenus et dont le taux ne varie pas avec le niveau de revenu. Il faudrait, a minima, considérer les deux ensembles.

Ensuite, le fait que les plus aisés au sens large paient une large part de l’impôt sur le revenu reflète simplement le fait qu’ils concentrent une part importante des revenus ! Imaginez une situation d’inégalité extrême dans laquelle une seule personne recevrait tous les revenus, elle paierait l’intégralité de l’impôt !

Au moment où Emmanuel Macron instaure la flat tax à 30 % sur les revenus du capital, vous alertiez sur le fait que des personnes aisées pourraient transformer leurs revenus en revenus du capital pour diminuer leur imposition. Une étude de France Stratégie indique que cela ne s’est pas produit.

Historiquement, la fiscalité française a cherché à maintenir une certaine neutralité, c’est-à-dire à faire en sorte qu’il soit équivalent fiscalement de se payer en salaires ou en dividendes. Pour les gens à hauts revenus, si vous cumulez tous les prélèvements obligatoires, vous êtes taxés de l’ordre de 65 % si vous touchez des salaires, mais avec le prélèvement de 30 % sur les revenus du capital et la baisse de l’impôt sur les sociétés de 33 à 25 % en 2022, vous tombez à environ 50 % si vous touchez des dividendes, un écart de 15 points.

Cet écart est récent, regarder ce qui s’est passé avant 2022 ne nous dit pas grand-chose ; ce n’est que depuis la baisse de l’impôt sur les sociétés à 25 % en 2022 que les incitations à transformer salaires en dividendes sont claires et massives. C’est maintenant qu’il faut suivre cela de près.

Mon inquiétude provient du fait que l’on a déjà vu historiquement que les dividendes sont très sensibles à cette différence de fiscalité. En France, de 1914 jusqu’au début des années 2000, les dividendes étaient taxés au barème progressif de l’impôt sur le revenu. Depuis, il y a eu une alternance de réformes sur la taxation des revenus du capital et dès que le taux baisse, on constate une plus grande distribution de dividendes. Des réformes similaires ont été faites dans les pays scandinaves au cours des années 1990, aux Etats-Unis, en Israël, avec les mêmes résultats. Le risque est bien là.

Que suggérez-vous pour rendre notre système fiscal plus progressif ?

Il y a trois niveaux d’ambition. Une réponse a minima consiste à forcer la transparence fiscale des sociétés holding, des sociétés écrans, utilisées pour éviter l’impôt sur le revenu. C’est très simple : les dividendes que reçoit une holding sont imputés à ses actionnaires. C’est ce que font certains pays, par exemple les Etats-Unis depuis deux lois des années 1920 et 1930. Les revenus sont imputés à leurs vrais propriétaires.

Dans la législation fiscale française comme dans celle de la plupart des pays, il y a des règles de substance économique et des clauses générales anti abus qui disent que si un montage a été fait avec pour but principal ou unique d’éviter l’impôt, c’est illégal. A l’évidence, interposer une société écran entre dans ce cas ! Si on appliquait bien l’esprit de ces clauses générales anti abus, on irait dans le bon sens.

Deuxième réforme : à partir du moment où on s’est assuré que les dividendes entrent bien dans l’assiette fiscale, on les soumet au barème progressif de l’impôt sur le revenu. Cela n’a pas bien marché sous Hollande parce que, précisément, les sociétés écran ont joué leur rôle.

Troisième réforme, plus ambitieuse, instaurer un impôt sur les très grandes fortunes. Il y aura toujours la tentation de dissimuler les revenus du capital. Comme l’a révélé le média américain Pro Publica en 2021, Jeff Bezos a touché tellement peu de revenus qu’il a demandé à percevoir les allocations familiales (en principe réservées aux contribuables à revenus modestes aux Etats-Unis) et il a reçu son chèque !

La solution la plus directe consiste à taxer directement les fortunes parce que le revenu économique peut être manipulé. Il faudrait une version modernisée de l’ISF qui évite les erreurs passées. Les problèmes de l’ex-ISF sont bien connus, mais il faut les rappeler. Il y avait une exonération des biens professionnels définis dans un sens très large. Deuxième problème, les mécanismes de plafonnement qui disaient que le montant des taxes était plafonné à 70 % du revenu fiscal, pour des personnes habituées à réduire à presque rien ce revenu !

Un nouvel impôt sur la fortune doit inclure les biens professionnels et ne pas comporter de plafond. En échange, il pourrait y avoir un seuil d’exonération qui serait de 3 millions, 5 millions, 10 millions ou 20 millions... On peut en débattre, commencer à un niveau de fortune au-delà duquel il est évident pour tout le monde que les contribuables concernés ont une capacité contributive forte.

Que pensez-vous de la proposition de Joe Biden d’instaurer un taux minimum sur les très grandes fortunes de 25 % ?

Une proposition intéressante de la part de quelqu’un qui a fait campagne contre les propositions d’impôts sur les grandes fortunes portées par Elizabeth Warren et qui, historiquement, a été plutôt centriste au point de voter en 1986, à l’époque de Reagan, la baisse du taux marginal sur l’impôt sur le revenu de 50 % à 28 %.

Une fois élu Président, il change d’avis et propose une taxe sur les revenus des contribuables ayant plus de 100 millions de dollars de patrimoine, les revenus incluant les plus-values latentes sur les titres financiers, avec une taxe portant sur le stock de fortune la première année, puis sur l’augmentation de celle-ci au fil des ans. C’est une proposition très ambitieuse, cela représenterait un changement considérable pour la fiscalité américaine et internationale. Mettre un tel sujet en débat représente une évolution très positive.

Comment mieux estimer les montants de la fraude et de l’évasion fiscale ? Est-ce que l’intelligence artificielle peut aider à faire des progrès ?

Ça ne peut pas faire de mal ! Mais est-ce que c’est ça qui va permettre de mieux mesurer l’ampleur de la fraude ? Je suis un peu sceptique parce que la façon dont opère l’administration fiscale française consiste à cibler les contrôles fiscaux sur les contribuables pour lesquels l’administration a des doutes. Mais il y a aussi des formes d’évasion fiscale qui ne laissent pas de traces.

La façon la plus rigoureuse de procéder serait de compléter les contrôles fiscaux ciblés par des contrôles de contribuables pris au hasard dans une population large. On pourrait faire un chiffrage plus rigoureux non seulement de l’ampleur de l’évasion fiscale, mais aussi des types de fraude fiscale qui existent. Cela se fait dans plusieurs pays, par exemple aux Etats-Unis, au Danemark. C’est l’une des préconisations du rapport de la Cour des comptes de 2019 sur l’amélioration sur la lutte contre l’évasion fiscale, mais elle n’a pas été suivie d’effet.

Selon l’OCDE, l’échange automatique d’informations fiscales a concerné 111 millions de comptes portant sur 11 000 milliards d’euros, soit en gros votre estimation de la part des fortunes dissimulées dans les paradis fiscaux. Un bon résultat ?

L’ordre de grandeur est cohérent, c’est rassurant. Mais les informations données par l’OCDE ne permettent pas vraiment d’aller très loin. De quoi parle-t-on ? De comptes d’individus ou bien aussi de sociétés ? Il faudrait aussi connaître la répartition par pays de ces 11 000 milliards et par groupes de fortunes.

Il faudrait que les pays qui ont donné les informations nous précisent quelle fraction des opérations par les non-résidents est couverte par l’échange automatique. On sait que cela ne sera pas 100 % : alors que la Suisse participe à cet échange de données, un rapport récent du Sénat américain a dénoncé le fait que Crédit Suisse continuait à avoir des clients américains non déclarés. Les données OCDE sont trop approximatives et trop agrégées pour que l’on puisse vraiment juger l’efficacité du dispositif à ce stade.

Un chiffre de l’une de vos études revient souvent : 40 % des profits des multinationales sont dans les paradis fiscaux. Or, c’est 40 % des profits réalisés en dehors du territoire d’origine de l’entreprise et 7 % des profits totaux. 93 % des profits réalisés par les grandes firmes sont taxés.

Ces bénéfices logés à l’étranger ont explosé et la part allant dans les paradis fiscaux est passée de 0,1 % à la fin des années 1970 à 7 % aujourd’hui. Et il suffit qu’une entreprise dispose d’une ou deux filiales à l’étranger tout en réalisant l’essentiel de ses profits dans son pays d’origine pour que le poids de ce dernier soit important. Si l’on veut bien quantifier l’importance du phénomène de délocalisation de bénéfices dans les paradis fiscaux, il faut regarder les pertes de recettes fiscales que cela provoque. Au niveau mondial, c’est de l’ordre de 10 % mais pour un pays comme la France on est plutôt à 15-20 % de pertes de recettes fiscales, ce n’est pas négligeable.

Les entreprises répondent que tout cela est légal. Prenons un exemple très concret avec Alphabet (Google). Juste quelques mois avant d’être cotée à la Bourse de New York en 2003, elle a vendu ses propriétés intellectuelles à sa propre filiale aux Bermudes où le taux d’impôt sur les sociétés est de 0 %.

Le marché n’est pas là, il n’y a clairement pas de « substance économique » comme disent les fiscalistes. Ce montage a été créé à l’évidence dans le seul but d’échapper à l’impôt et donc devrait tomber sous le coup de la loi. Il y a eu à la fois un manque de volonté politique d’aller combattre ces formes d’évasion fiscale et des administrations fiscales dépassées par le fait que les ressources nécessaires pour combattre ces pratiques sont coûteuses, surtout face aux moyens financiers et humains déployés par les entreprises pour défendre leurs stratégies fiscales.

Vous montrez que la moitié de ces profits délocalisés artificiellement viennent des Etats-Unis et c’est en fait très corrélé à la montée des Gafa. Est-ce que le principal problème de la fraude fiscale des multinationales, ce n’est pas d’abord un problème de Gafa américains ?

On retrouve ces pratiques dans tous les secteurs, que ce soit le numérique, le secteur pharmaceutique, dans la finance, le luxe, l’agroalimentaire, l’automobile, etc. Ce n’est pas très surprenant parce que les montages sont conçus par les grands cabinets de conseil, d’audit qui en font la promotion auprès de tous leurs clients quel que soit le secteur économique.

Vos données montrent que depuis la mise en œuvre de politiques internationales de lutte contre ces pratiques, elles ne baissent pas mais restent sur un plateau. Est-ce l’effet de ces politiques ?

Difficile à dire. A ce stade, on peut juste constater que ce n’est pas la fin de l’optimisation fiscale des multinationales. Cela aurait été pire sinon ? Oui, peut-être, mais il faut rester très prudent. La seule certitude, c’est que le problème n’est pas résolu.

Raison pour laquelle une nouvelle étape a été franchie avec la mise en œuvre d’un taux minimum d’imposition de 15 % des profits logés à l’international par les firmes. Qu’en pensez-vous ?

La taxe à 15 % va dans le bon sens. Cela représente une évolution majeure dans la régulation de la mondialisation. Pour autant, le taux est trop faible. L’accord signé en 2021 nous dit que les profits d’une entreprise doivent être taxés a minima à 15 % dans chaque pays d’implantation mais que 15 %, c’est suffisant, on n’a pas besoin d’aller au-delà. En fait, ce sera moins que 15 % car la version finale de l’accord autorise à passer sous ce taux s’il y a de l’activité économique réelle, c’est-à-dire si l’entreprise a un stock de capital, de la masse salariale dans les pays considérés.

La taxe à 15 % représente une évolution majeure dans la régulation de la mondialisation. Pour autant, le taux est trop faible

Cela représente une incitation pour les sociétés multinationales à délocaliser leur activité de production, leur capital, leur main-d’œuvre dans les territoires à fiscalité très faible. Ce que dit l’accord, c’est si vous êtes en Irlande, où le taux effectif est de 10 %, soit vous allez devoir payer quinze, soit il va falloir bouger un peu d’activité en Irlande et vous pourrez rester à dix. Cela revient à intensifier la concurrence fiscale qui porte sur des activités réelles.

Certes, vous ne pourrez plus créer une société écran pour payer 0 % aux Bermudes et c’est un gros progrès. En revanche, on risque de basculer vers une forme plus dommageable, plus coûteuse et plus nuisible de concurrence fiscale internationale, celle sur les implantations réelles.

La fiscalité représente la variable clé du choix d’implantation des multinationales ?

Ça l’était assez peu jusqu’à présent car il était simple de délocaliser ses bénéfices comptables sans bouger l’activité. Désormais, qui peut dire ce que vont faire des multinationales confrontées au choix de payer 15 % d’impôt sur leurs profits ou bien 10 % ou moins en transférant un peu de substance ?

Le soubassement intellectuel de ce type d’accord, c’est que la concurrence fiscale fondée sur des délocalisations artificielles d’activité est illégitime mais qu’en revanche, la concurrence fiscale réelle est légitime. Là, aucun plancher, aucun taux minimum ne doit s’appliquer. Or, c’est une forme profondément négative de concurrence internationale car elle fait des multinationales les seules vainqueurs en leur permettant de moins payer d’impôts.

C’est un principe délétère, une faillite intellectuelle au moment où il faudrait absolument évoluer vers des formes d’harmonisation et arrêter la course au moins-disant fiscal.

 

12/05/2023
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DÉCLARATION DU SNU : FRANCE TRAVAIL UNE MACHINE DE GUERRE CONTRE LES USAGERS ET LES PERSONNELS DU SERVICE PUBLIC DE L’EMPLOI !

france travail-1

france travail-2

 

SNUPEFSU_DECLARATION_CSEC_11MAI2023_FRANCE_TRAVAIL

 


12/05/2023
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Signer la pétition intersyndicale pour obtenir une augmentation générale des salaires à Pôle emploi

Lien : Signer la pétition intersyndicale nationale NAO !

Procédure pour signer la pétition :

Cliquer sur le lien ci dessus puis vous notez dans l'objet : "je signe la pétition" et vous envoyez le mail (de votre boite pro pour que votre signature soit comptabilisée).

L'adresse de réception est dèja pré-remplie : pole.emploi.nao@gmail.com

petition NAO

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petition NAO-1

 

 

 


04/05/2023
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Heures Mensuelles d'Informations sur FRANCE TRAVAIL

Le SNU Pôle emploi vous propose un temps d’échange, sous forme de HMI (heures mensuelles d’informations) pour vous informer et répondre à vos questions le jeudi 1er juin à partir de 14h00.

Pour vous inscrire et pour toute information : syndicat.snu@pole-emploi.fr


04/05/2023
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Poste en diffusion sur la BDE au 3 mai 2023

Listes des postes disponibles dans les Hauts de France :

liste des postes au 3 mai-1

liste des postes au 3 mai-2

 

Pour postuler sur les postes, connectez vous sur la BDE dans SIRHUS

 

 


04/05/2023
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Un 1er mai unitaire, massif et populaire pour le retrait de la réforme des retraites !

Tract FSU 1er Mai 2023

 

Un 1er Mai unitaire et massif !


21/04/2023
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