Aveyron. Des gants fabriqués à Millau pour Chanel, mais rémunérés par... France Travail

 

Fabriqués pour Chanel mais rémunérés par France Travail, les gants de Millau (Aveyron) sont dans la tourmente depuis la parution d'une enquête de Médiapart lundi 22 avril 2024.

Etre rémunéré par son employeur, c’est du luxe ! Chez le gantier Causse, basé à Millau (Aveyron), c’est un fait. D’après une enquête menée par Médiapart et publiée lundi 22 avril, le gantier Causse, qui avait été racheté par Chanel en 2012, emploie des salariés en formation via France Travail (ex-Pôle emploi) qui les rémunère.

En somme, les portefeuilles estampillés Chanel, fabriqués chez le gantier aveyronnais, seraient payés par les cotisations des salariés et employeurs français.

Des pièces fabriquées durant la formation

« Je trouve ça inadmissible, c’est du travail dissimulé », s’agace Sylvie* dans les colonnes du média d’investigation en ligne. La femme de 55 ans avait participé à une réunion d’information en ligne organisée par Pôle emploi de Millau en avril 2023. Grâce au dispositif Action de formation préalable au recrutement (AFPR), financé par France Travail, elle a décroché un poste pour Chanel afin de fabriquer des porte-cartes chez le gantier Causse.

Comme Sylvie, Isabelle 52 ans, intègre la formation ainsi que six autres personnes. Au fil du temps, avant même que la formation ne soit finie, quatre stagiaires sont évincés. Après un premier tri, la formation évolue. Désormais, les stagiaires travaillent avec du cuir et de vraies pièces. « Si la pièce confectionnée remplit l’ensemble de nos critères d’excellence, et uniquement dans ce cas, elle peut être commercialisée », se justifie Chanel auprès de Médiapart.

Des droits décomptés

Par la suite, les confectionneuses doivent suivre une « formation interne » afin de les tester et « voir si vous suivez la cadence de production », indique Sylvie. Objectif : produire une soixantaine de porte-cartes par semaine. 

Pour Sylvie et Isabelle, le rythme est trop élevé. Elles ne parviennent à fabriquer que 65 porte-cartes en trois semaines, contre 95 pour les deux autres stagiaires qui avaient intégré la formation à leurs côtés.

Résultat, aucun CDD n’est proposé aux deux quinquagénaires. De quoi les inquiéter puisque durant ces trois mois de formation, Isabelle a épuisé ses droits au chômage qui continuaient d’être décompté durant son stage. Concernant Sylvie qui était rémunérée 723 euros par mois par France Travail, soit à peu près le prix unitaire des porte-cartes qu’elle produisait et vendus à 660 euros, elle n’a plus le droit aux allocations chômage.

Mauvais calculs

Autre hic soulevé par Médiapart : le nombre de stagiaires formés puis embauchés après ces formations est anormalement bas et surtout, les chiffres ne collent pas.

Selon Chanel, 50 personnes ont été gardées au sein de l’atelier d’assemblage depuis le début des AFPR, lancées il y a cinq ans. « Soit 94% des personnes formées », assure la maison de luxe. Sauf que, si l’on refait les calculs par un simple produit en croix, cela signifie que 53 personnes ont participé aux formations au total et que seulement trois d’entre elles n’auraient ainsi pas été gardées. Un mauvais calculs, puisque comme le rappelle Médiapart, « dans la seule promotion de mai 2023, six stagiaires ont été écartées avant l’obtention d’un contrat ».

 

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30/04/2024
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